L’hypnose permet de soigner les symptômes physiologiques ou psychologiques d’un patient en le mettant dans un état de conscience modifiée. Plusieurs écoles se sont succédées au fil des années et l’expérience peut se dérouler de façons différentes selon le type d’hypnose pratiquée :
L’hypnose classique et semi-traditionnelle
Utilisée lors de spectacles, c’est la forme la plus dirigiste. Le patient reçoit des stimuli directs verbaux, visuels et corporels, et réagit à ceux-ci. Cette technique ancestrale ne traite pas les causes d’un symptôme, elle permet d’obtenir un résultat immédiat mais limité dans le temps. L’hypnose traditionnelle est donc plus adaptée à des douleurs ou syndromes passagers. Cette méthode a été reprise au 19ème siècle par le courant scientifique qui l’a transformée en hypnose « semi-traditionnelle », utilisée à des fins thérapeutiques et médicales. L’hypnotiseur émet des suggestions directes et indirectes et cherche à explorer le passé du patient plus qu’à le diriger. Le psychanalyste Freud utilisait cette technique avant de l’abandonner, pensant que le patient ne révélait pas toujours toute la vérité sur ses souvenirs.
L’hypnose Ericksonienne
Apparue au 20ème siècle, elle tient son nom du psychiatre Milton Erickson qui pratiquait l’hypnose classique et qui la modernisa. Il développa un langage particulier incluant des métaphores, pour s’adresser à l’inconscient des patients durant l’hypnose. Erickson adaptait son approche aux différents individus en fonction de leur personnalité et de leur manière de communiquer. Cette méthode se focalise sur les solutions présentes dans l’inconscient du patient en se concentrant sur ce qui va mener à la guérison et non sur ce qui a provoqué la souffrance au départ. Le patient a donc le remède en lui et le thérapeute y accède en le mettant dans cet état de conscience particulière qu’est l’hypnose. Les outils éricksoniens, particulièrement adaptés aux troubles mécaniques (obsessionnels, sexuels, alimentaires ou du sommeil, phobies, addictions, angoisses, dépression, problèmes de couple ou de peau, etc.) ont été repris par d’autres praticiens comme Jeffrey Zeig, Ernest Lawrence Rossi, et John Grinder, entre autres, qui ont fait évoluer cette technique vers ce qu’elle est aujourd’hui.
La Nouvelle Hypnose
Même si Erickson aidait les patients à accoucher eux-mêmes de leurs propres remèdes, il le faisait à leur insu, et de façon directive en actionnant certains mécanismes de l’inconscient. La nouvelle hypnose (terme inventé en 1979 par Daniel Araoz) s’intéresse davantage à la psychologie profonde du patient et à son bien-être quotidien. Le patient trouve des remèdes à sa souffrance grâce à l’hypnose, mais de façon plus autonome. Les méthodes éricksoniennes sont toujours utilisées mais sous une forme adoucie (suggestions indirectes et subliminales, symbolisme, structures thérapeutiques incorporées, programmation neuro-linguistique-PNL). La Nouvelle Hypnose est la forme d'hypnose la plus pratiquée aujourd’hui, y compris parmi les thérapeutes éricksoniens.
L’hypnose est une thérapie cognitive et comportementale efficace pour le traitement de troubles mécaniques. Elle est recommandée par le Dr Maurice Soustiel de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpétrière, dans le cadre par exemple d’un sevrage tabagique. Cet hypnothérapeute pratique la méthode éricksonienne.
4 questions au Dr Maurice Soustiel
- Comment fonctionne l’hypnose ?
L’hypnose médicale se fonde sur une aptitude naturelle : un état de veille intense et de vigilance accrue qui met à la disposition du patient les paramètres constitutifs de son rapport au monde, il peut alors changer ces derniers.
En s‘éloignant de sa perception habituelle, l’individu opère une rupture qui favorise l’interaction entre conscient et inconscient et permet une ouverture sur un autre équilibre. Par un double aspect de concentration et de décontraction, l'expérience hypnotique permet au patient d'accéder à ses ressources propres et aux opportunités extérieures pour opérer une transformation.
- De quelle façon l’hypnose peut-elle aider une personne qui souhaite arrêter de fumer ?
La volonté et les bonne résolutions qui mènent à l’arrêt du tabac ne suffisent pas toujours car la cigarette est bien plus qu'une simple habitude, elle devient un refuge autant qu'un mode de vie, sous-tendus par des processus additifs plus difficiles à vaincre que la seule dépendance à la nicotine. Et c'est précisément l'origine de l'échec si fréquent des méthodes « traditionnelles » de sevrage tabagique qui, en ne s'attaquant qu'à la dépendance physiologique, omettent l'essentiel de la problématique : la composante inconsciente, émotionnelle et affective du besoin de fumer.Celle-ci est prise en compte dans l’hypnothérapie qui la maîtrise par le biais des modifications perceptives. Grâce à un exercice de détente et de relaxation, le patient accède à un état de conscience particulier qui lui permet de mettre en accord sa volonté logique et ses besoins émotionnels, afin de transformer sa décision en acte.
- L'hypnose peut aider à régler certains troubles psychologiques mais peut-elle agir physiologiquement, contre la douleur par exemple ?
Contre des souffrances plus que contre la douleur. Mais l’hypnose peut diminuer l’utilisation d’analgésiques (morphiniques par exemple en anesthésie).
- L’hypnose est-elle une forme de manipulation ?
Non, rien n’est imposé à la personne hypnotisée et rien ne se fait contre sa volonté. Cette expérience n’est pas un tour de magie ! Tous les troubles ne se soignent pas en une séance et le patient demeure le premier acteur dans ce processus. Le travail ne se fait ni sans ni malgré lui. Il permet dans le cas du tabac de vivre un sevrage en douceur. Celui-ci doit s’accompagner d’un régime alimentaire équilibré, doublé d’une activité physique plaisante, qui permettra d'éviter une éventuelle prise de poids.
Auteur : Dr Maurice Soustiel