Difficile d’échapper aux substances chimiques. Produits d’entretien, parfums d’intérieur, produits alimentaires, emballages… elles sont partout, ou presque. Nous les respirons, les touchons, les ingérons. Depuis l’avènement de la production de masse au milieu du XXème siècle, elles ont infiltré notre environnement quotidien ; présence d’autant plus inquiétante qu’elle est souvent invisible, indécelable, ne nous laissant d’autre choix que de nous en remettre à des listes d’ingrédients parfois non exhaustives et bien souvent impénétrables pour le consommateur lambda.
Un extrême en entraînant un autre, le marché des produits naturels et biologiques connaît depuis plusieurs années un boom sans précédent. Et les cosmétiques ne font pas exception : l’an dernier, le chiffre d’affaires des produits de beauté bio s’élevait à 5 milliards de dollars rien qu’aux Etats-Unis. Un marché lucratif, donc. Mais ces produits sont-ils fiables ? Que signifie exactement l’appellation « biologique » ? Et est-ce sacrifier l’efficacité du produit que de tourner le dos aux substances chimiques ?
Le maquillage : la solution minérale
Au début de cette année, une étude de la Food and Drug Administration révélait que plus de 400 modèles de rouges à lèvres étaient contaminés au plomb, dont cinq des marques l’Oréal et Gemey-Maybelline. Pas vraiment un scoop, puisque cela fait déjà des années que des associations de consommateurs comme la Campaign for Safe Cosmetics appellent à une limitation gouvernementale des taux de plomb dans les bâtons de rouge à lèvre. Sans succès. Eternelle optimiste, la FDA considère pour l’instant ces concentrations trop faibles pour présenter un risque réel pour la santé.
D’autres substances peu engageantes ont été retrouvées dans le maquillage courant : parabène, mercure, phtalates et autres DEA sont ainsi présents en quantité plus ou moins élevées dans certains eye-liners, vernis à ongles, mascaras, anticernes, blush et fonds de teints.
Pour celles (et ceux ?) préférant ne pas jouer à la roulette russe, il existe des marques qui ont choisi d’exclure tout ingrédient chimique de leurs compositions. Par chimique, nous entendons créé artificiellement, c’est-à-dire « provenant de la transformation d'une ressource naturelle par un traitement chimique » (source : med.univ-rennes).
Exemple : le maquillage dit « minéral », qui se compose uniquement d’ingrédients non transformés, dont certains sont employés à des fins cosmétiques depuis plusieurs siècles, comme les huiles de graines, les extraits de fleurs, le dioxyde de titane et le mica (constituant du granite, déjà utilisé par les Egyptiens de l’Antiquité). Pas de colorants synthétiques, de carmine (sang de cochenille), de parfums artificiels ni de produits pétrochimiques.
Si certaines grandes marques comme the Body Shop et Clinique ont récemment sorti leur propre gamme pour tenter de se frayer un chemin sur ce marché florissant, d’autres compagnies se sont spécialisées dans le maquillage minéral dès leur création. Ainsi, bareMinerals, propose du blush composé à 100% de minéraux ; quant à Terre d’Oc, 98% de leurs ingrédients sont d’origine naturelle, et 20% d’origine biologique.
Mais au fait, quelle est la différence entre « biologique » et « naturel »? Les deux termes sont parfois, à tort, utilisés de façon interchangeable. Il existe pourtant une différence capitale. En effet, pour pouvoir présenter le label « biologique », un produit doit passer par un organisme certifié, qui vérifie l’absence de pesticides et d’engrais chimiques dans la production des ingrédients végétaux. Le terme « naturel » est plus ambigu : il est censé présenter l’assurance d’ingrédients non transformés ou modifiés chimiquement, mais son usage n’est soumis à aucune régulation. Il peut donc être utilisé de façon abusive par certaines compagnies souhaitant reverdir leur blason en surfant sur la vague du bio. L’idéal est donc de choisir des cosmétiques à la fois biologiques et naturels.
Une fois que l’on s’est assuré de l’innocuité du produit, reste la question de l’efficacité. Le maquillage minéral est-il de qualité ? Si l’on en croit un article du site The Ecologist, la réponse est oui. La maquilleuse professionnelle Kerry Herta se dit adepte du fond de teint minéral, « à l’effet plus naturel, comme une seconde peau, et sans désagréable sensation d’humidité en cas de chaleur, contrairement aux fonds de teints classiques ». Quant aux gloss de NYR et autres fards à paupières de Bellapierre, ils sont, toujours selon l’article, tout aussi efficaces que les produits aux formules chimiques.
Les crèmes et lotions : attention aux parabènes
Depuis maintenant plusieurs années, le parabène suscite la préoccupation de nombreux scientifiques et consommateurs. Et pour cause : selon une étude de l’Université de Reading, cette substance chimique utilisée comme conservateur a été retrouvée dans les tissus mammaires de presque toutes les patientes atteintes d’un cancer du sein –même celles n’utilisant jamais de déodorant, source notoire de parabène. Cet additif polyvalent se retrouve également dans le dentifrice, le gel pour cheveux, le shampooing et les crèmes hydratantes.
Face à la méfiance grandissante des consommateurs, de plus en plus de compagnies de cosmétiques proposent des produits sans parabène, comme Caudalie, Lovelula et Aveda Naturals. Les dentifrices Propodent, à base de propolis, argile et sauge, sont également sans parabène. Pour ceux cherchant à perdre du poids grâce à des produits amincissants sans ingrédients nocifs, la marque Melvita propose une crème anticellulite contenant de la caféine, du Fucus vesiculosus et de l’algue Gélidium cartilagineum.
Il est important de toujours lire les étiquettes : certaines compagnies comme The Body Shop (appartenant à L’Oréal) dépensent des millions en campagnes de marketing pour promouvoir une image naturelle, tout en utilisant des substances chimiques potentiellement nocives dans leurs produits. C’est dommage, car à côté de ça des ingrédients biologiques, naturels et/ou issus du commerce équitable sont parfois utilisés en parallèle. Faites donc particulièrement attention aux cosmétiques contenant du lauryl éther sulfate de sodium, du propylène glycol et du polysorbate 80.
Il existe de nombreuses solutions alternatives aux cosmétiques chimiques.
De plus en plus de marques choisissent d’exclure ces substances irritantes ou potentiellement dangereuses de leurs compositions, pour répondre à la demande croissante de consommateurs de plus en plus méfiants. Avec les cosmétiques comme avec la nourriture, la règle d’or reste de ne pas se fier à la couleur verte d’un emballage : toujours vérifier les étiquettes… et bien lire entre les lignes !